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23 de diciembre de 2010

Chronique d’une marche brisée par le patriarcat

Avril Arjona Luna

Octobre 2008

Cela fait quarante ans que, dans plusieurs pays, la jeunesse comme groupe social s’est mobilisée contre les politiques autoritaires des États. Alors, la jeunesse s’est mobilisée, a investi les rues à Paris, à Prague, à Washington et, bien sur, à Mexico. Le mouvement étudiant, le mouvement ouvrier-socialiste, le mouvement hippie, sont les plus connus, ceux qui ont eu l’écho le plus fort. Le mouvement pour la libération sexuelle et le mouvement féministe aussi sont entrées en scène mais, malheureusement, ils restent jusqu'à aujourd’hui, la partie plus méconnue du spectacle.

À Mexico, le 22 juillet de 1968, une bagarre entre des étudiants de l’Université National Autonome du Mexique (UNAM) et de l’Institute Polytechnique National (IPN), après un jeu de football américain, fut le prétexte qui permit au gouvernement Mexicain de violer l’autonomie universitaire. Tout était orchestré. Dix jours avant des Jeux olympiques «de la paix», les forces armées de l’État, officielles et non officielles, étaient en mouvement, préparées pour faire taire les voix étudiantes qui furent finalement étouffées sur la Place des Trois Cultures à Tlatelolco.

Depuis cette époque certaines choses ont changé, essentiellement dans le nom, mais finalement «quelque chose devait changer pour que tout continue comme avant»[1]. Le père, l’assassin polymorphe plus grand de l’histoire, continue en réclamant sa loi, ses discours, ses privilèges, ses institutions et espaces… ses rues.

Le 2 octobre passée, beaucoup des personnes, universitaires, intellectuel(le)s, fonctionnaires, membres des syndicats et des organisations civiles ont manifesté, au Zócalo de Mexico, pour commémorer -et demander la sanction des responsables- la tuerie qui a eu lieu à Tlatelolco. De plus, j’ai cru que nous marcherions pour ratifier une position critique face aux politiques totalitaristes de Felipe Calderón et de ses complices.

Ce matin-là à l’Université Autonome Métropolitaine (UAM), il y avait beaucoup de confusion parce que les contingents étaient divisés. Les syndicats universitaires dirent qu’eux et la plupart des étudiant(e)s partiraient de Tlatelolco; mais le vieux Comité 68 et la plupart des activistes historiques partiraient du Musée d’Anthropologie. Moi et quelques-unes de mes collègues féministes voulions partir de Tlatelolco mais, finalement, la plupart a voté pour partir du Musée.

Nous avons pris le métro à Barranca del Muerto pour descendre à la station Auditorio. Tout était tranquille. J’écoutais, attentivement, la narration des faits passés en octobre de la voix d’une femme membre du Comité 68 qui est professeure à l’UAM.

Quand nous sommes arrivées au Musée, il était 4 heures et demi, il n’y avait personne. La marche avait commencé à 3 heures parce que le contingent historique «voulait arriver avant l’autre». Le Comité 68 était «incomplet», ce fut le prétexte qu’utilisa cette femme, qui nous avait convaincu de partir du Musée et de marcher avec les activistes historiques, nous a laissé «habillées et chahutées», selon le vieil usage des politiques mexicains. Elle prit un taxi pour arriver à l’Ange de l’Independence où était le Comité, «en attendant» son arrivée.

Nous marchâmes sur Reforma jusqu'à l’Ange, où on commença à voir la police du gouvernement local. Comme nous étions seules, sans contingent, nous marchâmes à coté des plusieurs d’entre eux. Avant d’arriver à la Tour du cheval, les contingents marchaient sereins, cependant, là-bas, où les deux marches se rejoignaient, tout changea. Les vieux et vieilles activistes, étaient restés en l’arrière.

Je vis le contingent de l’UAM Azcapotzalco, ceux de la Faculté de Philosophie de l’UNAM et d’autres de l’IPN, tous pleins de jeunes. «Que les policiers, les politiques, les entrepreneurs et le gouvernement fédéral niquent leur mère, bloc des pédés », ce fut la principale consigne; l’autre fut, «l’éducation scientifique gratuite», et il faut dire ¡non sexiste! Les femmes, les mères et les dissident(e)s sexuels ne sommes pas responsables du manque d’imagination et de politisation de la jeunesse; nous sommes ici depuis beaucoup de temps, et ils/elles étaient là en 1968.

Du Monument à la Révolution touts les mures étaient peints avec la A anarchiste, on pouvait lire «ni Dieu, ni maitre, ni parti» jusque chez les marchands des journaux. À mesure qu’on avançait vers le Zócalo, la police locale restait en arrière et laissait passer les grenadiers. La tension était évidente, il y avait plusieurs militaires habillés en civil. Nous devions nous incorporer à la manif pour ne pas être frappés par les pierres jetées par le black block «anarchiste»[2]. Les gens, en général, ne savaient pas de quoi il s’agissait.

Quand on marcha dans la rue Juárez, l’entonnoir que nous mènerait à la place, j’ai écouté les pétards. Le black block –dont je suis sûre qu’il fut un groupe de choc orchestré par l’hégémonie- était en train de détruire un seven eleven -l’unique établissement ouvert depuis l’Ange de l’Independence-. Dan cet assaut les médias et les grenadiers, deux des appareils répressifs plus puissantes de l’État, auraient leur festin. Les «Fils du Mexique», un des contingents le plus reconnus à niveau politique et symbolique, suggérèrent qu’on se repliât un peu du coté droit. Nous, les étrangères féministes, ne savions pas quoi faire… les grenadiers commençaient à courir au milieu de la foule.

Il faut dire que la plupart de mes compagnes de marche sont étrangères, sauf une jeune femme qui étudie de la sociologie et moi, il y avait deux espagnoles –une d’elles qui n’a pas pu, après 10 ans et malgré qu’elle soit épouse et mère des mexicains, obtenir la citoyenneté mexicaine- et quatre argentin(e)s –tou(te)s dissidentes sexuelles-, tou(te)s académiques à l’UAM. On pense, alors, que c’était mieux de faire le tour du Zócalo et entrer par rue Hidalgo. Juste au moment où nous l’avons en pris, le peur a augmenté. La rue était plein des camions blindés, et il y en avait quelques uns qui lançaient de l’eau. Après les pétards tout semblait surréaliste, les grenadiers descendaient des camions en file de deux.

Je ne sais pas pour quoi, je crois que ce fut l’instinct communautaire, je fis l’effort de voir la place mais ce fut impossible, il y avait un camion garé en travers dans la rue ; les «patrons de la sécurité» étaient tous prêt à attaquer à un jeune que, je ne sais pas pour quoi, courait comme s’il voulait sortir de la place.

Le Zócalo était alors un piège protégé religieusement par la Cathédrale, militairement par les grenadiers, médiatiquement par les médias, politiquement par le Palais National et économiquement par les hôteliers. L’hégémonie était réunie et le père s’était mis en colère… Pour nous, il était le temps de finir la marche parce que, si l’on peut mourir pour les idées, la révolution ne se fait pas avec des mort(e)s et, finalement, la manque de conscience historique a déjà fait beaucoup de morts parmi les femmes, hommes, féministes, et dissidentes sexuelles.



[1] London, Jack (2000). El Talón de Hierro, Barcelona, Abraxas.

[2] Pour moi, comme anarche-féministe, c’est indignant voir que l’hégémonie n’arrête pas la falsification des théories et des actions anarchistes ; mais ce sera sujet d’autre écrit.

1 comentario:

Aprilis Barbin dijo...

va con gusto pa tallerearlo con la banda francoparlante... yo quiero seguir aprendiendo francés!!!